Le Poète Orphique


De même qu'aux temps premiers
le superbe Orphée,
sur la cime du Pangée, à chaque aurore,
chantait le soleil levant,
de même moi, poète orphique des temps modernes,
aux contreforts du mont Pentélique
où le chant du rossignol est
aussi beau qu'au pied de l'Olympe,
je célèbre l'aube magnifique
aux sons des trompettes d'Athéna!


Et à l'image de ce demi-dieu de l'art lyrique,
j'invoque le soleil mon père,
suprême manifestation de Dionysos
en sa partie immortelle
qu'on identifie avec Apollon,
le dieu de l'intellect!


Non, comme ce poète illustre,
je ne crains pas
d'être frappé par la foudre de Zeus
ou par la hache double
du Roi-Taureau de Cnossos,
pour avoir révélé des divins secrets!


Et quand même cela arriverait,
ma tête, arrachée par la hache
ou par la foudre
à mon malheureux corps
et que le courant de l'Hèbre
emporterait jusqu'à la mer,
et, au-delà, jusqu'à Lesbos,
continuerait à chanter
et à prophétiser,
cependant que ma lyre
naviguerait parmi les astres
de la nuit hellène
et ferait germer
sur la terre de Mytilène,
patrie de la musique,
une nouvelle génération de musiciens
qui reprendrait le saint héritage
de Terpandre,
le premier des lyriques de l'histoire!


PONTS DE LIERRE ET DE VIGNE

RECUEIL INEDIT. MAI 2005