De la Révolution


Je suis venu rétablir
plutôt qu'établir!
Je suis venu restaurer
plutôt que détruire,
accorder plutôt que désaccorder!


Car détruire, c'est bouleverser
en désaccordant
et en enlaidissant,
c'est substituer au désordre passé
un désordre présent,
pire que le précédent!


Et le sens ultime de la révolution,
c'est le retour à la liberté première!


Or, si Jésus annonça
la fin du Sabbat juif,
moi j'annonce la suppression du Dimanche
des chrétiens
et son remplacement par le Vendredi,
jour consacré au culte de Vénus,
la plus haute
et la plus auguste des Déesses
dont la plus téméraire est
Athéna la guerrière!


Oui, j'annonce le rétablissement
de l'antique adoration des Déesses
Aphrodite-Vénus, Artémis-Dictynne-Diane,
Ishtar-Ashtart-Astarté, Rhéa-Cybèle,
Neith-Athéna-Minerve, Ariadné-Ariane,
et Isis l'Egyptienne,
la Mère de Dieu!


Et de même que Mohamed,
ce Sceau des Prophètes,
disait: « Je suis tous les prophètes!»
et « Je suis Adam-Noé-Moïse- et Jésus!»,
moi je dis que je suis le retour
de tous les poètes
qui me précédèrent
dans la guerre pour le goût,
pour l'esthétique de la volonté
et pour la Sainte Bonté!


Ne bois-je comme eux
à la coupe d'amour,
ne me nourris-je pas comme eux
des pommes d'or des Hespérides
qui ne sont autre chose
que les fruits de la science,
non pas de la science des ignorants,
mais de celle qui a pour but
la rencontre de Celle ou de Celui
qui est l'objet de tous les désirs,
la Femme-Déesse
ou l'Homme-Dieu!


Or, mon errance est homérique,
ma lyre pindarique,
la Vie nouvelle que j'apporte
est dantesque,
ma volupté et mon supplice
sont baudelairiens,
ma voyance est rimbaldienne
et mon soufre ou ma pourpre
nietzschéens!


Oui, je suis le retour
d'Homère, de Pindare,
de Dante Alighiéri,
de Baudelaire, de Rimbaud
et de Nietzsche!


Tous ces poètes,
auxquels il faut ajouter
Giordano Bruno
qui enseigna la multitude des Soleils,
sont une seule âme,
une seule identité!


Terribles furent les railleries,
les souffrances et les humiliations
auxquelles s'exposèrent
ces Rois de l'azur,
ces Souverains de l'existence,
ces Trésors lunaires,
ces Soleils du monde,
ces Perles des perles,
ces Corps d'ambre,
ces Faces de myrte,
ces Âmes de myrrhe,
ces Esprits d'encens!


Il fait sombre
et il fait obscur
comme dans le Styx et le Léthé,
mais moi, cependant,
je contemple déjà
la venue d'un jour
vermeil comme le soufre de la bouche,
des bouts de seins,
des ongles et des orteils
de la Bien-Aimée!


Ce jour lumineux
comme les cerises et les raisins,
les roses et les lys
et les hyacinthes et les narcisses
viendra mettre fin
à la nuit la plus longue,
la plus épaisse,
la plus ténébreuse à la fois
et la plus caniculaire
où toutes les créatures étouffent,
la Nuit de l'erreur
et de l'égarement
et de l'éloignement des sources
qui seules désaltèrent
le pauvre mortel, ce Tantale,
par elles rendu à sa race,
car pacifié avec lui-même!


Certes, il y eu dans le passé
quelques sécessions de la plèbe,
aussitôt transformées en coups d'état
ou quelques émeutes de la faim,
sataniquement métamorphosées
en Terreur à la parole perverse,
mais de la Révolution point!


Or, la Révolution suppose
un Idéal qui associe le Ciel à la Terre,
un Idéal qui ne détourne pas
la femme et l'homme
du Ciel paternel
et de la Terre maternelle,
ce Couple divin où le Corps et l'Âme
se retrouvent,
à jamais unis!


SAVOIR DE POURPRE

RECUEIL INEDIT. JUIN 2005