La Danseuse Orientale


Ô cattleya de Panama
aux pennes rectrices déployées,
ô longue orchidée du Mexique,
tes amples mouvements de bassin
pareils à une houle mascareigne,
tes vertigineux balancements de croupe
qui te rendent digne d'une almée de Bagdad
du temps de Haroun al Rachid
sont des volutes de parfums
dans un temple hindou,
des tourbillons d'arômes
dans le nectar divin
et des typhons d'âme
autour de ton corps
béni par les étoiles
et les comètes explosant dans la stratosphère!


C'est que tu te meus
comme une cavale rubicane
dans l'antique champ de course
de la Constantinople impériale
et comme une gazelle au regard voilé
qui traverse à une ondoyante allure
les dunes du désert
afin de venir boire
dans la source de mon amour!


Et tu es la jeune femme
qui tremble, s'enorgueillit
et s'humilie sous la caresse bouleversante
de mes mains mues par mon coeur
connaisseur de la chair humaine!


Je goûte à ta bouche
comme à un brin de thym de Crète,
comme à un miel de rose marine,
pendant que sous mes pieds
je sens le tapis de roses
que tu as fait tendre pour moi
comme une nouvelle Cléopâtre!


Cependant, la senteur des pavots de Chypre
dont tu t'entoures
n'a pas assoupi mon esprit
éveillé par la danse de ton sang
qui met le feu
dans le vin
de mes entrailles!


Et de faire brûler
dans la cassolette de ton bas-ventre
tout l'encens dont est pourvue
la cathédrale de mon intellect
entièrement tourné
vers la contemplation de ta force interne,
la force même qui meut la terre,
la faisant graviter
autour d'elle-même
et autour du soleil!


COEUR DE CINABRE

EDITIONS ENCRES VIVES. SEPTEMBRE 2005