La Dame Plaisante


Que votre plaisance, Madame,
soit l'Orient, dont les déesses
me baigneront de leur saint enthousiasme
et m'oindront de l'huile d'olive
comme un Roi!


C'est que vos grands yeux
où les saphirs blancs
se marient à l'onyx noir
sont la myrrhe de mon âme
et par leur magnificence même
toute l'emphase de mon coeur,
emphase qui est le boulevard de la puissance
et l'avenue de la majesté!


Mais je ne trouve pas
des mots assez emphatiques
pour dire toute l'émotion qui vous étrangle
et vous fait soupirer
des soupirs d'une lionne
sur le point d'accoucher
de ses lionceaux d'amour
et qui laisserait des empreintes d'or
sur le chemin mousseux
de la forêt de l'esprit
qui me nourrit
et m'accorde la parole haute,
apanage des poètes et des sages!


Ô léoparde de ma volupté
et tigresse de mon désir,
vous êtes le portique
où j'enseigne la vérité
composée des atomes
se mouvant selon les lois de l'Intellect,
non pas dolent, mais triomphant
et dont la compréhension
n'est pas la tâche du vulgaire,
mais appartient au domaine des élus!


Vous êtes, Madame,
la vérité que je jette aux dragons
afin qu'ils soient assez terribles
pour dévorer tous les pourceaux
qui voudront obstruer
la route de gloire,
large comme la voie lactée
et lumineuse comme le Midi!


Oui, il faut toute l'innocence
du Grand Sud
pour que le présent poème
soit agréé par vous,
Madame, qui êtes
le pont de ma vérité
et le promontoire égéen
de mon illumination intellectuelle!


COEUR DE CINABRE

EDITIONS ENCRES VIVES. SEPTEMBRE 2005