La Victoire de l'Aède Héroïque


Ô Dieux bienheureux
et vous, Déesses bonnes
comme des roses de Septembre,
de vous je reçus en partage
le loisir paisible
d'une vie innocente
qui me permet de jouir
des éblouissantes fleurs de vanille
ainsi que de l'exquis miel de bananier,
cependant que j'écoute
le battement d'ailes de l'onde
où se mire le château féerique du plaisir
pareil à un oiseau aquatique
buvant à même la surface d'un lac
dont les eaux oscillent
comme les hanches de la dame aimée!



Pourtant, durs furent au commencement pour moi
les chemins de la terre,
comme pour un astre du bonheur
de la science duquel
il bénéficierait lui-même,
au fur et à mesure
de ses combats héroïques pour l'amour
et des rigueurs extrêmes de sa passion
qui le mènerait plus fréquemment
au désastre qu'à la joie
et aux Enfers plus qu'au Paradis
et à l'obscure clarté d'Hécate
plus qu'à la lumière du Titan
Hypérion-Hélios-Soleil!


Et s'il est cruel
de naître Dieu,
il est à peine moins cruel
de naître Aède
dans un univers d'hommes
livrés corps et âme
aux sortilèges de l'esprit pratique
propre au génie faustien
dont la tentation s'avère
pour des êtres autres que les Sages,
qu'une course folle
sur une falaise à pic
et donc équivaut
à une expédition dans l'abysse!


Oui, le Rhapsode est aussi éprouvé
qu'un Dieu,
et, en même temps,
comme lui, il est léger
et porté à la volupté
de sentir à ses côtés
vivre un buste de jeune fille
qui palpite ainsi qu'un bronze doré
doté d'un coeur de Déesse
ou de Nymphe!


Vite, apportez-moi ma cithare
afin que, m'accompagnant d'elle,
je chante un épithalame
en l'honneur de la Bien-Aimée
qui ce soir s'unira à moi
comme à un héros en fête,
surgi du fond de la mer arctique
où il serait resta englouti
depuis une sombre éternité!


Oui, vite, que sur ma phorminx
je chante le temps de mes malheurs
et mon actuelle félicité
d'époux futur de ma propre Destinée
incarnée dans une dame amène
et affable et courtoise!


RACES DE SOLEIL

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2005