La Pensée Dangereuse


Ô unique maîtresse,
ô mienne hôtesse et convive,
de la grandeur de ton âme punique
et de la puissance de mon coeur volcanique,
je conclus que la Terre immense
peut difficilement nous contenir
en nous tenant
dans ses bras chauds
d'Aïeule de tous les mortels!


Ô Dieux Immortels,
éloignez de nous
cette pensée dangereuse
qui ne peut nous conduire
qu'à la fureur héracléenne,
doublé de la manie des Ménades!


Plongez-nous plutôt
dans un sommeil profond
qui aura raison de notre fol orgueil,
en effaçant de notre souvenir
tous nos maux,
comme si nous nous étions immergés
dans les eaux du Léthé de ta hanche,
ô ma Bien-Aimée
qui es le bouclier de ma vie
et l'Egide qui me protège
des monstres
en les pétrifiant,
à l'image de l'Egide d'Athéna,
la Déesse Poliade!


Ô sommeil, tu es le havre de notre paix
et notre oeuvre la plus haute,
d'où naissent des Rêves
plus aisés
et plus magnifiques
que les chefs d'oeuvre de l'imagination
la plus active
et la plus entière!


Dormons donc, ô soeur ailée de la nuit,
dormons jusqu'à l'aube
où nous nous lèverons
comme des épis déjà mûrs
sous le Sirius incandescent
du zénith de l'été!


Et, une fois la moisson
de nos semences accomplie,
nous formerons, à nous deux,
le pain le plus tendre
et le plus goûteux
que de mémoire d'homme et de femme
on ait porté en offrande
sur les autels de Déméter-Cérès,
Déesse de l'abondance des fruits!


Et, si la multitude
pour le moment se moque de nous,
un jour elle viendra en suppliante
à notre ville,
et, peut-être, alors,
nous lui pardonnerons
son Erreur,
fondée sur notre mauvaise fortune
du temps où nous enseignions la vérité
à la foule inconsciente du monde!


RACES DE SOLEIL

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2005