De l'Amoureuse Indécence


Ô Belle indolente,
ne crains plus de prendre
cette indécente pose
vers laquelle ton désir
semble te porter,
car auprès de toi
j'ai désappris la honte,
avec la retenue!


Ovide ne prétendait-il pas
que quand on aime
on oublie l'essence même
de ce qui fait l'indécence?


Zeus en personne
ne statua-t-il pas,
en s'unissant à sa propre soeur Héra,
que tout plaisir est légitime
et tous les Dieux
n'ont-ils pas décrété
que toutes les voluptés
sont bienvenues
sous le soleil de Juillet?


Pourquoi devrais-je bannir
de la forêt de ma virilité
les joies d'Aphrodite?


Céphale lui-même,
cet intrépide tueur de fauves,
ne s'unissait-il pas à l'Aurore?


Le chaste Endymion
ne prenait-il pas dans ses bras
de brave berger
la Lune,
dès la nuit venue?


Le bel Adonis ne s'étendait-il pas
sous les yeuses,
aux côtés de Cypris?


Le téméraire Méléagre
ne brûlait-il pas
sur le mont Ménale
pour la vaillante Atalante
à qui il donna
comme gage de son amour
une dépouille de lion?


Si j'excluais du domaine de mon action
les charmes de Vénus,
je ne serais ni Grec ni Romain,
mais un barbare sauvage
des steppes de Scythie
ou des hautes futaies de Germanie
et de Bretagne!


Or, l'homme que la quête du plaisir
n'a jamais conduit
sur des chemins perdus
est étranger à la culture hellénique
et doit être privé
du droit de cité!


Oui, je veux que les jeunes femmes
s'élancent hors de leur couche
à la recherche d'un fiancé
comme les Eléléïdes
du cortège délirant
de Dionysos Eléléus
ou comme les prêtresses de Cybèle
qui agitent le tambourin
sur l'Ida phrygien
ou comme des femmes
frappées de folie
pour avoir vu des Dryades!


Oui, pour un Hellène
il faut que l'Amour se vive,
se sente
et qu'elle embaume
de tous les pores de la peau!


Pour un citoyen de l'empire gréco-romain,
l'Amour doit aller
jusqu'à l'ultime licence
comme vers une Entité
à la fois rationnelle
et paradisiaque!


MERS DE VOLUPTE

RECUEIL INEDIT. DECEMBRE 2005