Eloge de la Belle Dame


Vous étiez belle
comme un lac d'Egypte au crépuscule!
Vos cils étaient des lys sauvages
au parfum d'amour,
poussant sur le sable embrasé
auprès de la mer d'Italie!


Et votre figure, Madame,
était une rose de Castel-Gandolfo
que je cueillais des yeux
avec avidité!


Car votre esprit, Madame,
donnait à vos traits
l'expression d'un songe surnaturel,
d'une gloire métaphysique,
d'une inquiétude paradisiaque!


Depuis le jour lointain
où j'ai croisé votre regard
pour la première fois,
je demeure l'esclave de votre visage
dont sans doute il ne reste rien,
si ce n'est l'émaciation
due aux tourments
qui auront gouverné votre vie
et la noblesse de la sainteté
et la santé que seuls accordent
la douceur et la bonté!


Mais pour moi, belle dame de mon souci,
vous êtes toujours
l'aube de Mai
qui décida de ma destinée
et qui donna pour but à mon existence
la louange des dames,
de toutes les dames
en partant de la dame incomparable!


Depuis le temps évanoui de ma jeunesse
fiévreuse et passionnée,
je n'ai plus participé,
pour vous avoir connue,
à la vie vulgaire,
unique aspiration de nos contemporains
qui pour elle sacrifient
jusqu'au respect dû à la divinité
siégeant aussi bien dans notre corps
que dans notre âme!


Oui, pour moi, Madame,
vous êtes toujours un printemps
au goût de griotte
et à l'haleine de daine,
tout emportant sur ses ailes
où souffle l'intelligence!


Oui, votre figure lunaire
reste le lac où je mire
la partie divine de mon intellect,
toute entière tournée vers la spéculation
où seuls excellent les sages
et les poètes philosophes!


Jamais, ô jamais,
je n'ai vu en vous, Madame,
une femme quelconque,
mais une princesse
née pour régner
sur la carte poétique
de ma tendresse mystique!


LYS SAUVAGES

RECUEIL INEDIT. JANVIER 2005