Chanson Douce
Les vaguelettes de la mer
bleue comme le bonheur
répondaient au clapotis de tes hanches
qui se balançaient
comme sur une escarpolette de rêve!
Tu chantais comme un cygne
parce que je t'aimais
et te baisais sur la bouche!
Ta chanson était douce et galante
et se mariait au zéphyr
qui soufflait d'Italie!
Quand l'aurore aux doigts de rose
rosissait les marbres du Parthénon,
tu priais ardemment Athéna
de te rendre ta cité
avec son antique Panthéon
qui naguère enrichissait le cosmos
comme les oliviers sacrés
enrichissent la terre
qui sans eux
serait retournée à la sauvagerie
des temps premiers
où les Pélasges,
ancêtres des Hellènes,
se nourrissaient de glands
et ignoraient les moissons!
Et quand le soir venait
sur la pointe des pieds
comme un ballet de roses flamants,
tu regrettais l'aurore
et le soleil et l'air du matin
qui promettait des violettes
et encore des violettes
et des asphodèles et des narcisses prodigieux
et des prairies molles
tachetées de coquelicots
rouges comme le sang des amants!
Et tu caressais de ton regard intérieur
les palais de nacre de l'Inde
nés à l'aube de l'Orient,
quand l'homme et la femme
se poursuivaient joyeusement
dans les bois de rhododendrons
et les Déesses suspendaient
les sentences de mort
qui pesaient sur eux!
Oui, telle est la force
de l'amour de la femme
que, à l'instar du soleil du Midi,
elle répand à travers
le corps de l'homme,
une puissance croissante,
une consistance nouvelle
et une épaisseur extraordinaire!
Telle est la force de cette amour
qu'elle repousse les limites
de l'action virile
en annonçant sa fusion imminente
avec les éléments,
à l'ombre fauve du soleil!
LE PAPILLON D'OR
RECUEIL INEDIT. MARS 2006