L'Angellette du Poétique Printemps
La nuit où pour la première fois
je sentis ta présence,
ô petite angellette vernale,
les hirondelles vinrent assister
à ma victoire,
toutes les roses embaumèrent,
toutes les brunes fauvettes
gazouillèrent!
Et les rossignols chantèrent
dans les arbres du Paradis,
devant ta fenêtre
baignée de lune!
Je fus excommunié par le Saint-Père,
mais, cependant, je continuerai
à t'aimer
plus passionnément que le Christ,
plus intensément que tous les saints
et que tous les martyrs
et plus mystiquement que Marie
dont tu portes le nom,
ajouté au nom du dieu-soleil
qui t'illumina sur les fonts baptismaux,
en présence de tous les grillons
du mois de Mai!
Toutes les églises sonnèrent
le carillon
quand tu naquis,
cependant qu'un orgue de Barbarie
passait dans la rue,
en répandant sur nous
les violettes ancestrales!
Avec toi naquirent
la mer avec tous ses poissons,
ses baleines et ses écrevisses,
la forêt avec tous ses oiseaux,
ses biches et ses écureuils volants
et la jungle africaine,
asiatique ou sud-américaine,
avec tous ses fauves augustes
et toutes ses lianes gigantesques!
Et avant ta naissance,
tu fus l'éternité
aux prunelles de velours noir lusitain
et aux lèvres de corail tunisien!
En descendant sur la terre,
tu emportas le ciel supérieur
et, depuis, la terre est
un ciel calme et bleu
et sa sève est le sang même
de Pancha Mama!
Et j'échangeai ma patrie
contre ton Mexique natal
dont je devins le Grand Prêtre,
buveur de peyotl
et brûleur de copal,
et le Grand Chamane fumigateur!
Viens donc que je te donne
des baisers impalpables
comme les Déesses et les Dieux mexicains,
et physiques comme les marées
guidées par les phases lunaires!
Il fait gris et il neige,
mais les colombes sont là
qui m'apportent le message
du Nouveau Printemps
où je serai semblable
à un Nouvel An persan
dans le giron où ard
ma poétique amour
pour toi, ô colombe de mon âme,
ma soeur dans le Saint-Esprit!
LYS SAUVAGES
RECUEIL INEDIT. JANVIER 2005