Les Feux de la Saint-Jean


Sous ton ample jupon noir de paysanne,
je sens les feux de la Saint-Jean
qui incendient les buissons,
oui, je devine sous ta jupe noire
le soleil de ta virginité
qui embrase les champs fauves de l'été,
à la veille du commencement de la moisson
où les laboureurs et leurs compagnes
ensemble goûteront au miel, au froment
et à la chanson,
cependant que la cigale
s'attardera dans les oliviers
et que la lune,
toute chaude et toute ronde comme ta hanche,
se lèvera sur les vigneraies!


À l'heure bénie
où les feux du soleil baissent
et où celui-ci remplit le cabanon de la chaume
d'un divin trésor,
nous nous rassemblerons tous,
moi et le choeur des travailleurs de la terre
autour de la table de pierre,
afin de goûter aux fruits précieux du pêcher,
après s'être ébaudis
d'une côte énorme de boeuf,
cuite sur les braises,
et dont le fumet nous tiendra lieu d'encens
pour nos psaumes de soleil et de braises!


Et le vin aura coulé en abondance
dans nos gosiers
prêts pour les longs cantiques
qui dureront toute la nuit
et ne prendront fin qu'au point du jour!


L'haleine des fleurs
résonnera autour de nous
tard dans l'après-midi,
semblable à des eaux qui jaillissent
et à des abeilles qui zézaient!


Et l'Echo angélique
se déposera dans notre esprit
comme les gouttes de la rosée mystique
sur les lys de Bethléem!


Sous nos pieds, nous sentirons
la colossale émeraude de la terre
devenue transparente
et nos oraisons se dresseront dans l'azur
comme des platanes dorés!


Et notre blanc lévrier
priera avec nous,
la tête entre les pattes!


INSECTES DU BONHEUR

RECUEIL INEDIT. JUIN 2006