L'Aède et sa Poitrine
Ô bergères de la mer,
venez!
Comme les vagues accourent vers le rivage,
vous aussi accourez
vers une poitrine plus grande que l'univers
et qui contient toute la musique
des ciels, des océans
et des continents de basalte souterrains!
C'est qu'un oiseau prodigieux y niche,
semblable à un coeur
qui s'élance dans l'azur
ainsi qu'une trompette étrusque
ou qu'une montgolfière de l'allégresse
ou qu'une fusée écarlate
ou qu'un faucon de Carthage
ou qu'un aigle de l'Ida crétois
ou, enfin, qu'un épi mûr,
droit et haut comme un sommet de montagne!
Ce coeur est la verte oasis
où réside un Aède,
une oasis entourée de toutes parts
du désert des hommes et des femmes muets
face au mystère de l'âme
et sourds à la vérité!
Ô pastourelles de l'onde,
accourez afin de célébrer cette oasis
et fêter cette forêt de pins centenaires,
plus fins qu'une aiguille divine
dans le foin de l'Infini!
Ô Naïades de Pyrène,
la fontaine où s'abreuve le Pégase,
arrosez de votre eau
limpide et claire
les astres assoiffés
dont la sève maintient la fraîcheur
du monde et de la vie qui l'habite
comme les gardénias en fleurs
entretiennent la qualité de l'air d'un jardin
et le rendent pareil à un zéphyr
qui soufflerait de la Sicile
vers les îles ioniennes
et le Péloponnèse!
Ô bergère aux troupeaux aquatiques,
vous remplissez de votre brise marine
ma poitrine en fièvre
en y maintenant la température idéale
de l'ardeur vitale!
Et de même que le chant de la cigale
annonce la maturité
du raisin noir,
de même votre rumeur ondoyante,
en moi qui vous appelle,
prélude à une mélodie
toute de beauté et d'amour!
Et de même que le coucher de soleil
dans l'océan occidental
annonce la douce nuit de Juillet,
de même l'or de vos cheveux,
ô bergères naïves,
prélude à un rêve d'été tranquille!
LE VIGNERON DE L'AMOUR
RECUEIL INEDIT. 20 JUILLET 2006