L'Aède Aficionado
Du véritable sang crétois
coule dans mes veines,
ce qui fait que je suis fort enclin
à chercher à m'incorporer
le sang, l'élan,
la fougue, la liberté
et l'innocence de la Nature
par la possession de l'Autre,
que cet autre soit être humain
comme la femme
ou un animal comme le taureau
ou une contrée,
à la fois lointaine et proche,
ou une race qui présente des affinités
avec ma race
ou, enfin, une langue
parente de la mienne!
Or, une authentique sympathie physiologique
m'unit à la Femme
dont je connais les points
sur son corps
sur lesquels s'exerce
de la plus merveilleuse façon
l'attraction de l'homme,
c'est-à-dire les yeux, les bouts des seins,
le bas des fesses et le haut des cuisses,
le pelvis et les jambes!
Oui, je cherche à faire honneur
au sang de mes ancêtres
en adorant comme une Déesse,
puis en dominant la femme
dans le jeu amoureux,
comme le torero domine le taureau
dans l'arène en forme de soleil
un dimanche, jour du soleil
à cinq heures de l'après-midi,
que ce soit à Nîmes la Romaine
ou à Arles la Provençale
ou à Madrid la Castillane
ou à Ronda l'Andalouse!
Mais, pour comprendre
le point de vue du poète
que j'exprime ici,
il faut avoir ce qu'on appelle
dans le Midi de la France
et en Espagne,
la Fé, c'est-à-dire la Foi
et, en plus, il faut souffrir
de cette féerique et salutaire maladie
qu'est la souffrance
ou la passion qui frappe l'aficionado!
Autrement dit, il faut avoir
la fibre religieuse
et savoir reconnaître la Religion
comme le jardinier reconnaît à son parfum
la Rose dans l'écrin de son jardin!
PALMYRE
RECUEIL INEDIT. DEBUT AOUT 2006