Le Poète et l'Oiselle
Ô ma douce francoline,
perdrix de mon Afrique,
je te salue!
Ô poule sultane
à la hanche semblable
à un château de plaisance
entouré d'un jardin d'agrément,
ô majestueuse orfraie,
fauconne belliqueuse de mon esprit policé,
sarcelle frêle,
pie allégrement jacasseuse,
ô tourterelle d'amour,
rouge-pattes fantastique,
fauvette brune
qui chantes délicatement,
alouette qui présides
à mon éveil,
vinette becquetueuse de raisins,
toi qui gazouilles dans les hautes vigneraies,
sombre merlette
dont les petits sifflant à coeur-joie,
ô rossignolette au cou brun
et dont la passion me touche,
chouette d'Athènes
que je porte même en pays étranger
en signe de reconnaissance
et en symbole d'intelligence,
flamant à la peau écarlate
de flamme,
toi qui danses dans mes songes
d'aube d'été
et dans tous les rêves que je fais
en pensant à la Camargue
ou à l'île de Cos
ou au lac égyptien
aujourd'hui disparu,
de la Maréotis,
ô fille du stratège
de la République des Oiseaux
et habitante de la cité des coucous,
écoute cet hymne de ton hyménée!
Si tu aimes les feuilles de menthe,
les pavots et les myrtes,
c'est que les nouveaux mariés
s'en couronnaient dans les temps bénis
de l'antiquité
et que tu te prépares toi-même
à des noces mémorables
et magnifiques
avec moi, ton aède,
ton poète qui t'aime
à la façon inoubliable,
à la façon unique des Anciens!
LA REPUBLIQUE DES OISEAUX
RECUEIL INEDIT. 10 AOUT 2006