La Seigneuresse Absolue


Ton doux derrière,
abandonné à la caresse
du soleil moelleux de l'hiver,
est le bastingage sur lequel je me penche
dans le navire qui traverse
la mer du désir!


Non, tu n'es pas ma corruptrice
et mon ennemie,
mais mon initiatrice et mon amie
et jamais je ne laisserai
germer en moi la haine contre toi
qui es la fleur des femmes
et la rose embaumée,
respirée par tous les mystiques
et la perle de l'âme,
cachée dans la coquille de la surhumanité
et la nacre de l'éternité!


Tu es la pluie de fleurs
du peuplier blanc de l'espérance,
la faucille de la lune,
la poule qui couve l'oeuf solaire,
la fauvette de Mai,
la meule de la Saint-Jean,
la chanson des jeunes glaneuses
de l'Ascension,
la grappe de raisin muscat
qui brille sur tes boucles
comme le jais de la certitude,
le moût de Septembre,
suave comme seule sait être
une jouvencelle,
et au parfum enivrant
d'alchimie automnale,
l'olive verte de Novembre,
piquante comme la vie
sur les bords de la Méditerranée,
la neige de Janvier
sur le Taygète
et sur les monts d'Arcadie,
le mimosa épanoui du renouveau,
l'amandier de la Déesse nubile,
aux fleurs virginales
comme ton visage de cygne,
la souveraine des chrysalides,
le cocon tissé par le ver à soie,
et, enfin, la mère de toutes choses!


Oui, tu es la seigneuresse absolue
de la monarchie spectrale
et la reine de la céleste patrie,
au nombril pareil à l'ancre
de la nef mouillée dans le havre du coeur,
à la ceinture adornée
de croissants lunaires,
de petits couteaux de cueilleuse de safran
et de médailles antiques de Syracuse,
aux cils teints au Khôl de la munificence,
aux prunelles graves
comme des diamants noirs
et cristallines comme les eaux de Cythère,
à la chevelure foisonnante
comme la nuit tombante en Crète
aux dents régulières
comme les gouttes parfaites
de la musique d'un clavecin
et aux lèvres humectées
de vin de Malvoisie!


MELEES D'AMOUR

RECUEIL INEDIT. FEVRIER 2005