L'Aède et son Héritage


Embrasé par l'haleine brûlante du Libs,
ce vent chaud qui en été
souffle de Libye
sur les plaines desséchées de l'Hellade
en faisant délirer les cigales,
j'étends le fier réseau
de mes racines aériennes
au-delà du Lycabette,
au-delà du Parnès et du mont Pentélique,
jusqu'au Parnasse plein de fraîcheur
où siège le frère de Bacchos, Apollon,
dont le mélodies
coulent dans mes veines,
abondantes et luxurieuses!


C'est pourquoi, je désire
arroser de mon sang
la terre où je suis né,
afin d'y préserver le culte des Muses,
en gardant intactes
les sources jaillissantes
de la Musique
et de transmettre ainsi à mes successeurs
le Grand Art Lyrique
aussi vierge de l'influence délétère
de la foule humaine
livrée à elle-même,
et comme déchaînée,
qu'il l'était au temps d'Eschyle,
voire d'Anacréon
et des poètes de Lesbos!


Certes, le sort de la poésie
indiffère grandement le vulgaire,
mais pour moi, aède et sage,
la science des vers est
ce que l'eau d'une source
est pour l'altéré,
oui, pour l'assoiffé du désert:
une panacée de tous mes maux
et une rivière de délices singulières,
aussi hautes que le ciel du Sud
qui est d'autant plus haut
qu'il nous laisse contempler
les Muses des Arts Subtils!


LA CITHARE FRANGEE DE FLAMMES

RECUEIL INEDIT. 25 AOUT 2006