Hymne à la Volupté


Ô soleil de la volupté,
Arbre éternel
qui, tout au long des siècles,
donnes un feuillage permanent
fait de désirs comblés
aboutissant à un bien-être
digne de la divine béatitude,
et qui donnes aussi des fruits
qui durent à jamais,
des hymnes et des odes
dont l'extravagance et la passion
sont à l'origine
des Temples de l'aurore
disséminés à travers le globe!


Ô Volupté,
toi qu'aucuns,
et non des moindres,
n'hésitent guère à appeler
Âme de la nature
et que, moi, je nomme
Substance de notre Âme,
tu es la fin où tend
tout ce qui sur la terre ferme
marche et court,
tout ce qui nage dans les océans,
tout ce qui sent et chante dans le ciel,
fauvettes des bois,
cygnes d'Afrique,
grives de Bulgarie,
merles de Céphisie
ou coucous de Zante!


Oh! Quelle ineffable félicité
ressent notre pauvre âme,
quand une dame de qualité
se dénude pour notre plaisir à nous
et pour son contentement à elle!


Bienheureuse l'âme
qui, sans crainte ni envie,
se livre aux plaisirs de la vie
comme à la contemplation
du céleste azur d'Egypte,
de Libye ou d'Arabie!


C'est toi, ô lune du plaisir,
qui fais l'extraordinaire force
d'Aphrodite-Vénus,
la Déesse du sourire,
la Mère des Amours!


Oui, c'est toi, plaisir,
qui files les heureux jours
de la plus grande des divinités,
de cette Déesse
dont Zeus le Père lui-même
est le serviteur zélé,
voire l'esclave obéissant,
transfiguré tantôt en pluie d'or,
tantôt en cygne,
tantôt en aigle
et tantôt en taureau blanc,
afin de subir volontairement
la loi des belles!


Ô Etoile du Berger
de nos riches désirs,
tu es la maîtresse de notre conscience
et notre maîtresse tout court!


Agrée donc,
ô Reine de l'opulence,
agrée cet hymne
en favorisant ma prétention
à me réclamer de toi,
de toi qui es commune
à tous les hommes
et à toutes les femmes!


Oui, accepte cette ode
en faisant bon accueil
à l'audace que je prends
à te chanter
comme mon amie d'enfance,
toi qu'Aristippe de Cyrène
proclama le Souverain Bien
des Sages!


LA DANSE DE LA LUNE

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006