La Rose Fidèle
Ô vous, daine de gloire
et la plus aérienne des Heures,
je vous salue!
Votre croupe, madame, est
un pur chef-d'oeuvre de la nature
et la vivante image
d'Aphrodite Callipyge,
tant par sa grandeur
d'archipel corallien
ou de nuit des Tropiques,
que par son élasticité
d'acier indien
et par son ardeur
d'or pur,
identique en cela
aux regards enflammés
que vous posez sur ma personne,
plus brûlants
que la lave de l'Etna
et plus complaisants
qu'une coupe de vin capiteux,
offerte par une fille
au sourire de miel!
Allongé à vos côtés
sur un gazon de soie,
au bord d'un frais ruisseau,
je contemple votre chevelure
de belle enfant,
rehaussée d'un haut chignon châtain,
lui-même relevé
d'une couronne de roses,
ô combien plaisante,
sur votre tête de femme
qui aime le plaisir!
Qu'il fait bon s'allonger
de la sorte,
à l'ombre d'un platane
au riche feuillage dentelé
et auprès de citronniers qui embaument,
cependant qu'au-dessus de nous
éclate le chant des cigales
annonciatrices de l'amour!
Ô grandes heures bénies
de notre jeunesse
où vous m'aimez,
ô preste damoiselle
qui faites partie
du choeur des Grâces
s'activant à Cythère,
l'île élue de Vénus!
Mais, vous venez à l'instant
de murmurer dans mon oreille droite
que vous m'accorderez bien
la suprême faveur
qu'humblement je vous ai
demandée!
Vous ne m'en voyez
que plus joyeux,
ô maîtresse câline
aux sourcils aussi noirs
que le noir de vos yeux
et que le noir d'ébène
de votre pubis,
siège de votre honneur
de rose fidèle
au rossignol qui un jour
chanta pour elle!
LE COBRA DE BRONZE
RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006