À Une Magicienne
Ô ma magicienne d'Egypte,
tes hanches sont de grandes feuilles
de nénuphars blancs,
nés d'une nymphe
morte de jalousie pour Hercule
et qui croissent dans les marais de Marathon
ou sur les bords de l'Haliarte,
rivière de Béotie!
Et tout ton magnifique corps est
un long et fin pétiole de fougère!
Il est fameux comme les herbes du Parnasse
pour son aptitude à guérir
toutes sortes de maux!
Il semble tout entier
une flèche de chasseur gaulois,
enduite de blanc ellébore
qui guérit la mélancolie!
Ton ventre est une plaine du Pont
grasse et humide!
Tes fesses et tes cuisses
sont ointes d'huile de lys
et de miel de roses
et sont polies comme des vitraux gothiques!
Autour de ta vulve
croît le népenthès
donnant une drogue
qui prodigue l'oubli des chagrins
et le pardon des fautes
et qui exempte les humains
du funeste, du lugubre ressentiment!
Ton superbe pubis
se compose d'une herbe
qui rappelle à la vie
les hommes morts,
tels ce Tylon
qui fut tué par un dragon
et puis ressuscita,
grâce à une infusion
issue de cette plante!
Ta bouche est un dictame de Crète,
aux fleurs purpurines
et qui embrase de passion non contenue
mes lèvres altérées d'amour!
Et le duvet de tes aisselles
contient ce polium
que les anciens Grecs appelaient tripolion,
et qui fait obtenir sans peine
la gloire et l'honneur
par les hommes qui ambitionnent
ces états précieux!
La belle et haute
montagne de ta croupe
que je couvre de baisers enflammés,
évoque par sa majesté
le mont Pélion en Thessalie
où le centaure Chiron
enseigna la musique à Achille,
le fils de la divine Thétis!
Du sang de grande centaurée
coule dans tes veines de cavale
qui frémit à l'appel des centaures!
Et la substance
dont sont faits tes cils
est la chélidoine
que les hirondelles utilisent
afin de soigner les yeux
de leurs petits!
Voilà pourquoi, sans doute,
ai-je recouvert la vue
depuis que je t'ai baisée
sur les prunelles!
Or, quand je te vois onduler
en costume de bain,
je crois voir une houri du Paradis
déambuler sur un chemin de sable!
PRUNELLES DE MALACHITE
RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2006