Hymne à Stratonice
Sur ta croupe
dont la couleur naturelle oscille
entre le blanc d'Erétrie
et le melinum
ou blanc de l'île de Mélos
et qui est enduite
de laque rouge de sang-dragon,
je bâtis présentement
un hymne en cinabre d'Ephèse
ou en rubrique de Lemnos
et qui, s'il n'est pas agréé par toi,
me couvrira d'opprobre
pour le restant de mes jours,
mais qui, s'il est agréé,
ce sera comme un jour
marqué de blanc
où je t'aurai le mieux
et le plus en profondeur
contemplée!
Car, comment pénétrer l'âme
d'une femme,
sinon en entrant en elle
par ses orifices,
dont l'anus qui, chez-toi,
est rouge comme la sandaraque
et la vulve qui, dans ton cas,
évoque plutôt une nuée rose
de l'aurore
ou une pluie d'or,
voire un abysse
d'ocre de Sinope!
Mais, de tous tes trous,
celui que de loin je préfère
à tous les autres,
c'est bien ta bouche
où mes baisers aspirent
et qui donne le ton
à toute ta personnalité,
car elle est teinte naturellement
de sang de lune,
oui, de suc de jasmin du soir
et elle embaume le mastic de Chio
et la myrrhe de Chypre!
Plus que d'une princesse de Chine,
tu as l'allure
d'une Stratonice,
et moi je suis tout simplement
le pêcheur de perles
que tu aimes!
SANG-DRAGON
RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2006