À une Dame Damasquine


Le feu de ton amour,
ô dame de la splendeur,
me brûle sans me brûler
comme un seigneur que ta flamme
caresserait et rafraîchirait
ainsi que l'eau caressante
qui coule dans les canaux de l'Eden
avec une douce contenance
et une musique suave,
aussi céleste que la musique
qui jaillit d'un luth de Damas
aux cordes d'or
et d'une guitare d'Egypte
aux cordes d'argent,
tous les deux joués par des adolescentes
délicieuses et enamourées,
à l'âme élevée
et à l'art exquis et émouvant
à force de passion
belle et haute!


Ô dame de la grâce
qui te pâmes comme une tourterelle,
tes grands et longs yeux
de gazelle de Chine,
dont sont amoureux
tous les lotus de l'Inde,
toutes les roses de Chiraz
et tous les lys de Canaan
répandent du sel
sur mes blessures d'amour
qui cherchent à étendre ma souffrance
causée par l'abandon et la ruine
de mon coeur!


Mon cerveau embaume
de la brise qui a passé
sur les jasmins persans de tes joues
et est illuminé par la vue
de tes hanches si lourdes
que sous leur fardeau
succombe ta taille
aussi fine qu'une feuille de rose
bercée par le vent
dans les jardins du Paradis
et qu'une tige de tulipe rouge
qui se balance dans les champs de tulipes
d'Anatolie!


C'est que ton derrière est
plus blanc que l'Olympe sous la neige,
plus splendide que Sirius,
plus grand que le soleil de midi
dans les îles
et plus puissant que l'acier chinois!


Et il s'agite comme la surface d'un lac
au fond duquel brillerait
le diamant de ton pubis
dont l'eau est plus sombre
que tes boucles noires
et que le grain de beauté
sur ta face marquée par le plaisir!


Ô dame damasquine de la joie
en qui siège ma volupté toute,
ô toi pour qui la vertu suprême
consiste dans le don de toi-même,
garde et aggrave même,
la certitude et la sécurité
que tu tires de ma passion
pour ton corps,
et de mon espérance
toute entière placée
dans ta seule âme
et de ma fidélité de la première heure
à ton esprit
languissant comme l'esprit
d'une déesse ivre!


LA ROSE DU BONHEUR

RECUEIL INEDIT. FEVRIER 2005