Le Pèlerin de Sounion
Il est manifeste
que le naturel, en poésie comme en amour,
est bien plus agréable
que ce qui est recherché
et le plaisir qu'on en tire
est bien plus grand,
bien plus profond!
Or, où le naturel et ses images
s'imposeraient-ils mieux à notre esprit,
que sur la route
menant à Laurion
et de Laurion à Sounion,
ce promontoire illustre,
situé sur l'extrémité méridionale de l'Attique
et où se dresse un sanctuaire majestueux
comme une ancienne musique de luth
et dont Pausanias le Périégète
nous dit simplement
que c'est un temple d'Athéna?
C'est sur le chemin de Laurion,
où l'on croit voir
passer une légion romaine,
que l'on rencontre
les plus beaux oliviers du monde
dont la douceur imprègne nos coeurs
comme la bouche d'une jeune femme amoureuse,
posée à même notre poitrine,
oliviers portés par l'azur
comme des bannières athéniennes
que porterait sur sa poupe
une trière noire de la République!
Et de petits ponts de pierre,
enjambant quelque cours d'eau desséché,
de construire le paysage enchanté
sur des bases d'amour,
cependant que les chevrettes
gambadent sur les collines avoisinantes!
Arrivés au port de Laurion
comme dans un train de palmes,
puis à Sounion,
on a la surprise de découvrir,
comme des gradins d'un théâtre grec,
la plus magnifique mer de l'univers!
Car, c'est une mer
qui nous enseigne sans détours
les lois de l'Harmonie
qui régissaient l'antique culture hellénique
et qui nous pousse,
nous autres enfants du siècle,
à faire de la musique une finalité,
plus qu'une simple
discipline de l'esprit!
Or, c'est la musique
qui constitue la trame
de tout pèlerinage
à la source d'un monde défunt
et omnipotent!
LE TOIT DE TULIPES ROUGES
RECUEIL INEDIT. JANVIER 2007