Corps de Rêve


L'opulente volupté
née des bains d'ambre
rejaillit sur tes prunelles
d'où goutte sur mon coeur
une suavité de serre,
d'une serre où l'on cultiverait
les violettes de tes yeux,
les pourpres jujubes de tes fesses
polies à la pierre ponce
et ointes de lait
et les oranges de tes seins!


Mais, plus qu'à une orangerie,
plus qu'à une mûrisserie,
c'est à un vrai jardin de Loumbini
que s'apparente ton corps de rêve,
ton corps petit comme une paume de géante,
aussi agréable à voir
qu'une palme ou qu'une noix de coco
et plus impalpable
que la neige à Karakorum
et plus sensuel que la fonte des glaciers
en Sibérie du Nord!


Or, ton feu est si ardent
qu'il fait fondre les glaciers des Pôles
et nous apporte un printemps prématuré
qui sera suivi d'une chaleur
de jardin d'Adonis,
oui, d'un jardin soigné par des courtisanes
aux moeurs d'Aphrodite
et par des concubines
belles comme des aquarelles
de la Renaissance espagnole
ou comme des peintures de Monet!


Et de se soulever en nous
une passion plus violente
et plus torrentielle
qu'un mois de Mai
où, assises sur le seuil de leurs portes,
les cantatrices chanteraient
ainsi que des fauvettes brunes
et où des amants étrangers
enlèveraient des princesses chrétiennes
au sérail de Constantinople!


LE TOIT DE TULIPES ROUGES

RECUEIL INEDIT. JANVIER 2007