Ode à l'Aphrodite Solitaire
Ô mon étoile du berger,
ma Vénus solitaire,
mon Aphrodite toute seule
dans le ciel couleur de violette de Parme,
tu es mon astre du matin
et mon étoile du soir,
mon Eôsphoros et mon Héspéros,
mon Lucifer et mon Héspérus,
et tu brilles comme la rosée
sur les cytises
ou comme ta chevelure
parfumée à l'essence de verveine,
cette verveine dont tu te couronnes
comme une magicienne,
oui, comme une sorcière,
de ces sorcières qu'autrefois l'on brûlait
sur les bûchers des hérétiques
ou comme une démone
qui posséderait mon secret
ou comme un doux succube
qui se pencherait sur mon tourment,
ainsi qu'une fée
sur le berceau d'un nouveau-né,
afin de lui conter
la création du monde
et la naissance de la terre
et qui hanterait jusqu'à la grève déserte
où le penseur se promène
comme à l'intérieur de son âme
plus vaste que le monde!
Or, tu es à moi
ce qu'Aphrodite était à Pygmalion,
Phryné à Praxitèle,
la Fornarina à Raphaël
et Emma Hart,
plus connue sous le nom de Lady Hamilton,
à George Romney!
Oui, tu es un corps céleste
issu du Paradis terrestre
ou du jardin de Taj Mahall,
ce mausolée de marbre rose
où un empereur veuf
gardait la dépouille
de sa Bien-Aimée défunte,
à moins que tu ne sois une comète
échappée de l'étoile du Bélier
sous laquelle je suis né!
Et voilà pourquoi sans doute,
je te rends ici
un si vibrant hommage,
ô ma Francesca da Rimini
avec qui, comme Paolo,
j'irais même en enfer,
rien que pour entendre prononcer,
par ta chaste bouche,
le mot que tous les amants
aiment entendre
des lèvres de leur Aimée!
L'ABEILLE DE LA VOLUPTE
RECUEIL INEDIT. FEVRIER 2007