La Femme aux Formes Généreuses


La hanche large est
à la femme qui en est dotée
ce que la gloire est à l'héroïne
d'un roman d'aventures d'Héliodore
ou d'un roman baroque de Madame de Scudéry!


C'est que la croupe plantureuse est
l'apanage de la Malabaraise
ou de la Mulâtresse de Baudelaire
à qui ce dernier
a rendu un hommage éternel
en des vers où la mâle acuité du regard
s'allie à une toute féminine rondeur
et où les lignes déliées
du corps de l'homme
rejoignent les lignes pleines
du corps de la femme,
comme dans les peintures
réalisées à l'âge préhistorique
sur le parois des grottes
d'Altamira ou de Lascaux!


Or, la stéatopygie est,
avec l'hypertrophie du sein,
la caractéristique principale
des premières figurations de la déité
où l'historien des religions
retrouve l'image familière
de la Déesse maternelle,
qu'elle soit enceinte d'un enfant
ou parturiente
ou mère qui allaite son petit!


Car, ô Mère de l'Homme,
c'est vraiment une chose divine
que ta hanche,
dont la générosité voluptueuse
gagne les suffrages des sages
et de tous les esprits distingués
qu'on appelle communément des esthètes,
pour qui les fesses rondes sont
l'alléluia de l'Esthétique
et l'amen final
des hymnes sacrés!


Et d'une manière générale,
l'idée de largeur ou d'ampleur
est associée à maintes jeunes épousées
ou héroïnes célèbres
des premiers temps de l'humanité!


En effet, on retrouve cette notion
avec Euryphassa, Eurynome,
Eurydice et Europe!


Or, cette dernière
ne représente-t-elle pas
la vastitude du jaillissement
de l'aurore?


N'est-elle pas celle qui a
de grandes prunelles
ou une face large
ou un regard pénétrant
à force de grande profondeur,
ou celle qu'on voit de loin,
comme sa propre mère Téléphassa?


Si elle est née en Phénicie,
c'est que pourpre est le ciel
quand le soleil se lève à l'Est!


Le taureau rose qui porta sur son dos
Europe,
n'est-il pas le soleil lui-même
qui la porte sur ses ailes,
du Liban joyeux
vers les terres de l'Ouest,
dont la Crète?


Et Eurydice elle-même,
n'est-elle pas l'aurore
ou le beau crépuscule
qui perdit à jamais Orphée,
le fils de Calliope,
parce que le serpent de la nuit
est venu mettre fin
à cette merveilleuse lumière
aurorale ou crépusculaire?


Or, tous, à un moment
ou à un autre de notre vie,
nous avons perdu notre Eurydice!


Et, depuis, vivons-nous
dans le regret
et nos chansons même
portent l'empreinte de la nostalgie
qui est le mal du pays
que nous ne connaissons pas!


LES RAISINS DE L'AMOUR

RECUEIL INEDIT. FEVRIER 2007