Le Suicide


De ma fenêtre ombragée de platanes,
je plonge pour le plus beau des suicides
dans le ciel de ton sein
par où passe la Seine de ton sang
entre le Louvre établi dans ta tête
de Bas- Empire et la cathédrale de tes yeux
d'où s'envolent les aigles
vers le plus pur soleil des Incas,
cependant que de ton front
jaillit la fontaine Saint –Michel
dont l'écume est soulevée
par le vent qui souffle de l'Eden
sur Paris, cette nouvelle Bagdad
où règne le calife de l'amour,
couronné de ses plumes de perroquet
où se mêlent les taureaux ailés de Perse
et les condors d'Amérique,
les griffons d'Assyrie
et les licornes de France,
les jaguars du Mexique
et les lions du Pamir,
les buveurs de chocolat du Guatémala
et les joueurs de tam- tam nègre,
les habitués des bistrots
et les sacrificateurs de coeurs
de vierges aztèques!



Une fois parvenu
au paradis féerique de ton coeur,
je visiterai ton ventre,
source à galaxies
où on peut toucher
toutes sortes de poissons célestes
et manger des étoiles
de la grosseur d'un rubis de bégum
ou même d'une pomme de discorde,
bleue comme Sirius
ou renversée dans la mer à minuit
comme la Grande Ourse,
ou vermeille comme la rose de Notre- Dame,
sous la dentelle aux dix nuances
qui unifie ton corps de Passy à Clichy,
de Belleville à Aubervilliers,
du pont Mirabeau à l'île Saint- Louis,
de la gare d'Orsay
à l'arc –en –ciel d'Austerlitz!


Pourtant, c'est moi qui ai choisi
ta robe qu'embrasé par le milieu
j'embrasserai comme un ange nuptial
afin de goûter à travers elle
à ta chair ensorceleuse
aux dentelles naturelles!


TEMPETE DE QUARTZ

RECUEIL INEDIT