À Une Reine Poétesse


À la Pleine Lune d'Avril,
pareille à Auvai,
cette Déesse Tamoule,
tu pénètres dans l'étang sacré
de la pagode de Madura,
vert comme la plus belle
des rizières
et uni comme la soie de ton silé
aux couleurs d'aurore!


Tu y cherches des hymnes à Minatchi
qui devient femme de Shiva
cette nuit même!
Et entre tes mains aimantes
tu portes l'idole de la Devi
au pagodin délicat
qui se trouve sur l'îlot du milieu,
ce vagin où poussent les cocotiers
de l'Idéal féminin,
aussi hauts que le Ciel
dont le baiser est
une pluie de roses,
un brasier de tulipiers
et la racine même de l'amour!


Tu chantes comme une nue,
ou comme la sphère d'une étoile
ou comme le feu de la Lune
ou comme le nimbe de la sollicitude
ou comme l'ombilic de la solitude!


Et ta voix amène les cerfs
dans les eaux des prunelles des biches
et ramène à elle
les suffrages
de la Nature sauvage!


Et elle s'épand
sur la terre
comme la musique de ta hanche
et la plaque d'or
du sommet de ta tête!


Elle est aussi tendre
que ton ventre
et que ton bras,
et aussi harmonieuse
que les perles de ton front
et de tes tempes!


Quand on l'écoute
la mousse devient plus molle
et l'on plonge dans la douce vapeur
de ton émoi,
lumineux comme le miel blond
de l'oranger!
Reine- Poétesse hindoue,
tu es l'azur des saphirs
et la flamme qui naît des rubis
domine le firmament
et embrase l'âme
du Roi-Poète hindou!


LE PAGODIN DELICAT

RECUEIL INEDIT. MARS 2003