Le Chant De Nurmahal
Ô mon beau boa
dont les écailles emprisonnent
les astres et les lunes,
viens t'enrouler dans ma pipe
épicée et parfumée
de Birman victorieux,
doux et vigoureux
assassin d'illusions
et persécuteur de vermisseaux!
Ô ma belle tigresse du Népal,
implacable dans ta candeur
et féroce quand tu es en furie,
viens reposer dans mon sein
de Bengali joyeux
comme sur un lit de mousse
ou comme sur la Voie lactée
où les houris versent
des larmes de félicité,
amoureuses des sages
au front ceint de feuilles de tamarin
et aux bras donateurs d'extase!
Ô ma perle de Lanka
dont la voix convie
à un festin d'allégresse
et d'amertume mêlées,
écoute ce limpide ruisseau
coulant de la bouche
de Nurmahal la Persane
qui chante tes amours
longues et extravagantes
dont la dernière
a fait de moi
l'otage de ton coeur
à la fois cruel et bon!
Viens, ô mon chat aventureux,
dînons de riz de Bengalore
à la lumière des rubis
de ton cou, puis,
ô ma Bégum délicieuse,
enivrons-nous du vin des baisers
et ensemble contemplons
le Ciel nocturne,
électrique comme ton dos
que parcourent des frémissements
de plaisir,
et écoutons le silence,
entrecoupé du bruit du jet d'eau,
où s'élève l'ode de Nurmahal
aux ombres et aux cygnes!
LE PAGODIN DELICAT
RECUEIL INEDIT. MARS 2003