À Une Maghrébine

Tu es un bouquet
de boutons d'or,
une plume de ficaires
où souffle le coeur du printemps
comme une fine
brise d'Avril,
comme un doux zéphyr
emportant vers le Maroc
l'île de Djerba!


Ta bouche est
une source d'eau pure
et ton sein
un réservoir de lait
parfumé d'amande!


Tes hanches sont
le limon de la Mitidja
que celle-ci dépose
dans la riche plaine
de ton ventre
qu'elle arrose
en déesse créatrice,
en magicienne du Verbe,
en sorcière de la parole
fondatrice de cités,
en sourcière capitainesse!


Du balancement de tes fesses
naissent les plus belles
orangeraies d'Algérie
et les plus savoureuses citronneraies
que l'on connaisse!


De tous
ces beaux agrumes
tu es la Reine,
comme tu es la seigneuresse
des palmes côtières
et la maîtresse
des oliviers de Tunisie!


Mais c'est
sur ta face olivâtre
que s'épanouit
la meilleure oliveraie
au monde,
dont le vent d'arômes
vient aromatiser
les lèvres de ta vulve
de vierge folle
rougissant sous mon regard
qui veut connaître
le fier château
où tu caches
ton ultime secret!


Or, je voudrais
caresser passionnément
tes deux seins
où tu gardes et préserves
ta force maternante!


Ne suis-je pas
ton amant
né de toi,
ton propre enfant
que tu as mis au monde
par le don
de tes charmes inépuisables?


N'est-ce pas de toi
que je tiens mon haleine
avec laquelle je respire
tout ton corps
qui est pour moi
l'univers
tel que je l'aperçus
pour la première fois?


Mais quelle est
cette jouissive volupté
que je tire de tes fruits,
que cependant la honte
te fait retirer
de ma vue?


Oui, je sais!
Tu n'es qu'une grosse fille
du Maghreb,
de cette race phénicienne
aux formes opulentes,
commune à toute la Méditerranée,
aussi bien celle du Nord
que celle du Sud,
et qui sent le moulin à huile
à cent lieues,
cette huile que tu jettes
comme une flamme
aux yeux fervents
de tes amoureux!


Pourtant,
sous la graisse
qui te déforme inutilement,
je sais trouver
le sucre de ton âme féminine,
pas plus rusée
que l'âme de l'homme,
mais juste assez naïve
pour que tu puisses
plaire!


Et même tes cuisses,
un peu trop rondes
pour un esthète maladif
venu d'Europe,
sont assez belles
pour l'amant vigoureux
qui apprend
à y cueillir
le miel de la vie
et s'y initie
au principe des sensations
délicatement musicales!

MUSIQUE DE PALME

RECUEIL INEDIT