La Chanson Du Pousse-Pousse


Je suis le tireur du pousse-pousse
où tu prends place,
bien à l'ombre
comme une Nuit enchantée
dont les Deux Lunes
sont tes prunelles
jetant une lumière
qui n'accuse pas
les angles
mais développe les courbes
des fontaines, des lacs
et des forêts!


Ton châle
où tu caches soigneusement
ta chevelure
pareille à la forêt
recouvrant Sumatra
d'hévéas
est une concrétion d'astres,
une rencontre de comètes,
une fusion de météorites,
une nébuleuse
de galaxies lointaines!


Ton sourire de jeune femme
émerveillée d'être
l'objet d'une attention
toute particulière
est le miroir
où vient se répercuter
comme une onde de choc
ton Mystère féminin
dont l'évidence
me laisse stupéfait,
étonné
et ensorcelé par ta personne
toute tendue
de velours de Mai!


Hors d'haleine
à force de courir ainsi
pour toi,
ô ma douce moitié,
ma Terre jumelle,
ma Mère-Soleil,
fatigué, dis-je,
de te tirer,
si bien assise
au fond de la voiture à bras,
par les douces avenues,
bordées de palmes,
de Tamatave,
et cependant
enchanté de te servir
comme un esclave sa maîtresse,
je finis
par composer cette chanson
afin que tu puisses
la chanter,
si mon service t'agrée,
par les nuits chaudes
de Madagascar
où pleuvent les flamboyants
et s'accumulent
les constellations!


MUSIQUE DE PALME

RECUEIL INEDIT