Le Poète Justicier


De même que l'oiseau
qu'on appelle communément
perceur de chênes ou pic bleu,
creuse de ses ongles puissantes
le bois des grands arbres
afin d'en faire sortir les larves
et les petites fourmis,
de même moi,
qu'on appelle troubadour ou trouvère,
je creuse avec la force de l'esprit
les murs des effrayantes,
des terribles forteresses modernes,
bâties par des hommes
qui descendent, non pas des singes,
mais des condors à l'orgueil criminel
afin d'y cacher leur extraordinaire,
leur inouie soif de richesses!


Et de me promener à la renverse
sur les surfaces verticales
de ces tours de verre et d'acier,
tant mes griffes,
qui m'assurent la stabilité,
sont puissantes!


Il m'arrive même,
de faire tomber,
à force de frapper,
quelques-uns de ces monstrueux édifices
construits par des avares,
en guise de coffres-forts géants
en métal luisant!


Car ces châteaux de désagrément
et de déplaisir,
surgis du néant,
ne sont même pas
des monuments de la vanité humaine,
mais des usines où froidement
l'on thésaurise
et où l'on accumule les fruits
du travail humain
dans un but de sombre domination,
totale et universelle,
ou qui vainement se rêve telle!


Ah! Comme j'abhorre
ces avares lubriques
qui tyrannisent la terre maternelle
où croissent les champignons
et embaument les citronniers!


Ah! Puissé-je les voir un jour
frapper à ma porte,
un rameau d'olivier à la tête,
ainsi que des suppliants:
alors vraiment, je me réjouirais,
car justice serait faite
et justice serait rendue
au coeur immortel de la Terre!


LE COUCOU DE L'AME

RECUEIL INEDIT. DU 24 AU 31 MARS 2007