À Une Turque
Je suis le guerrier turc
de la victoire amoureuse!
Car, j'ai renié
les bannières bleues du Christ,
pour les oriflammes rouge sang
frappées du Croissant
des hanches fines
de ma Turque de volupté,
de ma tourterelle coquette,
de ma colombe enjôleuse
et de ma dame
à la robe de paon,
où transparaît son sein
de poudre de camphre!
Oui, tu es cet oiseau édénique
qui traverse le ciel serein
du Roum,
envoyé par le Grand Khan
du Turkestan,
pour que j'en fasse ma femme,
après avoir trouvé
la clé de son huis,
et avoir arraché
le sceau de sa lettre
cachetée de rubis de la passion!
C'est que tu es
la résistance que je vaincrai,
la virginité que je lacérerai,
comme on lacère
la tunique de la bien-aimée,
afin de jouir
de la vue des pierres fines
de son corps,
où sa tresse noire
se mêle au jais de son pubis
et au Caucase de son cul!
Je suis le pyrolâtre
de ton coeur
et le mage de ton âme,
et je dirai,
comme un mollah démoniaque,
l'alchimie du verbe
accomplie grâce aux délices
de mon esprit transmuté
pour la sauvagerie de ta beauté,
qui fait couler mon sang
sur ce manuscrit
qui est le fruit,
tant craint de par le vaste monde,
de ma quête intellectuelle
et de mon intuition spirituelle
rejointes
et bouleversées
par le désir de mon phallus
et la douleur de ma poitrine,
souffrant de ton amour,
fantasque à l'extrême,
mais éternel
comme le Simorgh,
cet oiseau d'Iran!
Ton amour est éternel,
car il est nourri
des meilleurs aliments,
ceux de ta matrice,
où pénètrent tes ovules
fécondés par le sperme
de mes entrailles cosmiques!
Et tes lèvres
de miel d'oranger
enseignent à la jeunesse,
friande d'aventures,
la luxure
d'une fille de Lucrèce
et d'une femme de Calife,
des philosophes de Cyrène
pour qui amour
est cause et fin
de l'univers
et ultime sens
de la vie!
BALCON DE NACRE
RECUEIL INEDIT